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dancing|acting           withpinaBausch                            Viktor

Thank you to the photographer Jean Couturier

 Viktor (création le 14 mai 1986).

Viktor était le nom du papa de Pina et c`est cette année qu`il est décédé.
De temps en temps j`accompagnais Pina pour ses déplacements personnels, et c`est ainsi que j`ai eu la chance de faire la connaissance de ses parents.
Son papa était un grand homme avec des mains immenses qui contrastaient avec la grande douceur qu`il dégageait.

La pièce est magnifique, avec un décor de Peter Pabs imposant qui représente une fosse immense dans laquelle se déroule les scènes et dans laquelle Jan Minarek verse tout au long de la pièce, de la terre comme un fossoyeur.

 Dans cette pièce je vais avoir l`occasion de créer un autre personnage que j`ai joué avec grand plaisir. Il s`agit de « la grande dame au manteau de fourrure ». C`est aussi á cette occasion que j`ai fait l`expérience de ce que peut être la jalousie des femmes entre elles.. Rien de bien grave, mais plutôt amusant.
Á chaque création, Marion Cito qui était la personne responsable des costumes des productions de Pina, se faisait livrer un choix de robes, de costumes pour hommes et autres vêtements de toutes sortes qui pouvaient être utilisés par les danseurs dans les compositions qu`ils présentaient á Pina.
Ces vêtements de scène deviendront éventuellement les costumes que nous aurons dans la pièce.

Un costume d`homme  est un costume d`homme, et les danseurs masculins, bien sûr curieux de ce qui était apporté, restaient cependant souvent assez indifférents á l`arrivée des nouveaux costumes de scène.  Par contre, pour les danseuses, c`était toujours l`occasion de vivre un moment semblable aux soldes de chez Tati.. Une grande agitation régnait autour du porte-vêtements sur lequel était accrochées les robes longues, et soudain trois danseuses s`exclament en même temps: « qu`elle est belle! ».

Tout le monde se tourne vers l`objet de leur admiration. Il s`agissait d`une magnifique robe de soirée bleu turquoise avec un plastron perlé sur la poitrine et faite d`un tissu que l`on devinait très agréable á porter. Déjà une danseuse tenait la robe accrochée á un cintre devant elle pour se regarder dans le miroir. C`est alors que Marion se précipite, la lui enlève des mains et dit bien fort: « cette robe est réservée pour Jean! ».

Les danseurs qui avaient suivit la scène s`esclaffaient, mais les regards que les danseuses m`ont jetés  étaient éloquents et de ma vie je n`ai jamais vécu un telle énergie du style « je te déteste.. ». Cependant, une fois que j`ai endossé cette belle robe à laquelle s`est rajouté un manteau de fourrure noir du plus bel effet, tout le monde fut d`accord pour dire que cet ensemble avait été fait pour moi.

 Une autre anecdote qu`á vécu la grande dame au manteau de fourrure…

Un matin, alors que personne n`était encore vraiment bien réveillé, parce que nous avions commencé la journée sans classe de danse auparavant, comme cela nous arrivait en temps de création, lorsque le temps commençait á manquer, Pina nous posa la première question du jour qui était: - "faire quelque chose qui ne marche pas".

J`avais vu des prestidigitateurs faire le numéro de la nappe qui est retirée d`un coup sans que tout ce qui est dessus ne soit renversé. Mon idée était de me présenter comme un prestidigitateur confiant en sa maîtrise. Comme je n`étais en aucun cas expérimenté dans ce genre d`exercice, les verres , bouteilles et cendriers posés sur la nappe allaient voler et tomber au sol.

Un torchon mal repassé faisait office de nappe et après avoir installé les objets devant tout le monde, je pris mon air de prestidigitateur le plus convaincant possible et m`approchait de la table. Pina et toute la compagnie qui avaient bien compris mon intention retinrent leur souffle, et je tirais subitement la nappe… Stupéfaction !  tous les objets sont restés sur la table et je tenais la nappe dans mes mains sans en croire mes yeux. 
Comme tout le monde au départ était persuadé que j`allais faire tout tomber, il se passa un petit moment pendant lequel mon petit public est resté la bouche ouverte, puis une salve d`applaudissement suivit. Les commentaires allèrent bon train et nous sommes passés á autre chose.

En fin de séance Pina m`appelle et me demande:

- « penses-tu être capable de refaire le numéro de tout á l`heure sans rien faire tomber de nouveau? ».

Je lui répondis que j`allais essayer et m’entraîner. C`est ainsi que la grande dame au manteau de fourrure noir commença son entrée en scène avec ce numéro qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, a marché presque á chaque représentation.